Pourquoi se brosse-t-on les dents ?
Le matin, quand on se réveille, on sent quelque chose de désagréable dans la bouche, les dents sont souillées, la bouche pâteuse, l’odeur… et il semble bien que cet état de fait soit partagé par l’ensemble de l’humanité. Mais est-ce bien normal ?
Si l’origine du problème est alimentaire, alors oui, il est logique que l’ensemble de l’humanité en souffre et que la carie dentaire soit une championne au palmarès des fléaux, dixit l’OMS. Il est tout aussi logique alors de constater que plus on remonte dans le temps et moins l’on trouve de dents cariées dans les vestiges fossilisés de nos ancêtres.
Les temps longs étant difficiles à appréhender, on peut quand même caler les choses en précisant qu’avant les débuts de l’agriculture et de l’élevage, il y a 10 000 ans, on trouve vraiment très peu de caries et, quand on parle de centaines de milliers d’années, voire de millions d’années, on n’en trouve plus du tout.
Or, nous savons que le comportement alimentaire de l’homme a changé au fil du temps : cueilleur à l’origine de la lignée voici 7 millions d’années, puis collecteur avec l’arrivée de l’outil vers -2,5 millions d’années, culinaire léger quelques centaines de milliers d’années en arrière, culinaire lourd avec l’arrivée de l’agriculture et de l’élevage, pour finir avec l’ultra transformé que nous connaissons tous.
Ces données énoncées, il devient envisageable d’échafauder des théories mais, pour s’investir dans cette voie, il faut avoir des raisons de le faire, avoir repéré des signaux laissant penser que le comportement alimentaire a éventuellement quelque chose à voir avec cette dégradation peut-être pas si normale qu’elle en a l’air de prime abord.
Or, c’est ce que j’ai moi-même vécu. Tout d’abord culinaire pendant trente ans et bien rodé à la pâte dentifrice, lorsque j’ai adopté par hasard le mode alimentaire du cueilleur, je me suis très vite retrouvé avec un printemps neuf dans la bouche tous les matins. Vraiment très surprenant, j’en ai même oublié de me laver les dents au réveil. J’ai quand même choisi de garder l’habitude, mais sans dentifrice (qui est juste une horreur sensorielle !). J’ai ensuite eu l’occasion de pratiquer le comportement alimentaire du collecteur et j’ai pu constater un retour partiel du pâteux du matin en bouche,
Ayant désormais une expérience dans les trois référentiels alimentaires (culinaire, cueilleur et collecteur sensoriels), je pouvais envisager de trouver une logique sous-jacente à ces observations en comparant l’impact du comportement alimentaire sur l’hygiène dentaire chez le culinaire transformé, chez le collecteur sensoriel et chez le cueilleur sensoriel.
Éclairage…
Après avoir mangé quelque chose, on se retrouve toujours avec des débris alimentaires dans la cavité buccale, ainsi que divers micro-organismes provenant soit de la flore commensale des aliments natifs consommés, soit de la flore opportuniste associée aux aliments transformés. On ensemence aussi notre microbiote intestinal mais c’est un autre sujet.
La flore commensale est constituée de micro-organismes vivant sur un végétal ou un animal. Cette flore est spécialisée. Par exemple, autour de la carotte vit une flore commensale spécialisée et associée à la carotte.
Avec une seule ressource alimentaire native à disposition dans la cavité buccale, les bactéries spécialisées, et hyper-efficaces en la circonstance, se nourrissent et engendrent des déchets simples et se reproduisent avant de disparaître une fois leurs ressources épuisées.
La flore opportuniste associée à une préparation culinaire est un fourre-tout de micro-organismes issus des ingrédients utilisés dans la recette et de leur mode de préparation. Dans ce contexte, ce sont les bactéries opportunistes les plus polyvalentes qui sont privilégiées. Avec plusieurs aliments transformés, et combinés de surcroît, les bactéries polyvalentes prennent le dessus et génèrent des déchets autrement plus complexes que dans le cas précédent.
- Dans le cas d’une alimentation transformée (résultats de cuisson et d’un mélange), on se retrouve avec une flore microbienne très polyvalente, disposant d’une multitude de ressources alimentaires qui lui permettra de se nourrir pendant longtemps et de faire des déchets qui vont former une plaque dentaire énorme. C’est la raison pour laquelle il est fortement conseillé de se laver les dents après chaque repas.
- Dans le cas du collecteur sensoriel, le dernier repas de la journée sera composé de plusieurs aliments natifs. Il va donc ensemencer sa cavité buccale avec des micro-organismes simples car provenant de la flore commensale des ingrédients consommés. Rien à voir avec les micro-organismes opportunistes du culinaire, mais encore compliqué car plusieurs souches de micro-organismes spécialisés vont se nourrir des restes encore présents en bouche. Des déchets plus simples et plus propres que chez les culinaires vont être produits, certes, mais des déchets composites quand même.
- Dans le cas du mono-aliment du cueilleur, qui ne consomme qu’un seul aliment par prise alimentaire (avec entre quatre et six prises alimentaires par jour), seule la flore commensale de cet aliment sera semée dans sa cavité buccale. Cette flore étant spécialisée dans la carotte, elle ne laissera que peu de déchets et des déchets très propres relativement aux autres cas. On comprend aisément que la plaque dentaire issue d’une telle situation soit plus que légère.
Néanmoins, le cueilleur n’a pas dit son dernier mot, car il est une caractéristique de son comportement alimentaire qui recèle un petit trésor dont personne ne pouvait soupçonner l’existence et que j’ai mis bien du temps à découvrir.
Pour rappel : le cueilleur fait quatre à six prises alimentaires par jour en mono-aliment (un seul type d’aliment par prise alimentaire).
Si je mange des carottes en mono-aliment, j’ensemence ma cavité buccale avec la flore commensale de la carotte. Elle est seule en place et va consommer les restes de carottes en vraie spécialiste tant qu’elle en trouvera, ne laissant derrière elle, comme nous l’avons déjà souligné, que des déchets très simples. Quelques heures vont passer, deux ou trois, pas bien le temps d’accumuler des tonnes de déchets, et… survient une autre prise alimentaire, d’un autre aliment, qui va du coup réinitialiser la composition de la flore buccale. Tous les micro-organismes issus de la carotte qui sont encore cachés dans les dents seront décimés par l’acidité d’un agrume ou le gras d’une viande maturée.
En fait, par son comportement alimentaire, le cueilleur va réinitialiser sa flore buccale à chaque prise alimentaire, ne laissant aucune place aux micro-organismes polyvalents, démunis face à ces spécialistes qui se succèdent au fil des prises alimentaires. Ce qui est extraordinaire dans tout cela, c’est que le cueilleur n’a absolument rien à faire pour que cela fonctionne, aucune volonté nécessaire, rien à apprendre, le SAV dentaire est inclus par défaut dans le pack du cueilleur. Ses prises alimentaires en mono-aliment laissent uniquement des déchets simples et en faible quantité. Chaque fois qu’il mange, il fait le ménage dans sa cavité buccale et il fait cela entre quatre et six fois par jour.
Des millions d’années sans une seule carie, si ce n’est pas un trésor, ça ! Les dentistes ne devaient pas être bankable à l’époque du cueilleur…
Revenons à aujourd’hui...
Dans le culinaire, on apprend très jeune à se brosser les dents en utilisant des agents de lavage (dentifrice). Ainsi, au moins deux fois par jour, toute sa vie durant, on incorpore dans son organisme des produits tout à fait farfelus !!!
Pour le collecteur, les choses sont plus simples mais l’empilage se paie et on éprouve quand même le besoin de se brosser les dents.
Quand on passe au cueilleur, il faut faire un effort pour penser à se les brosser. L’hygiène dentaire est « silencieuse ». Pas besoin de dentifrice et pas nécessairement besoin d’une brosse à dent : on peut prendre un bout de bois que l’on mâchouille.
Pour autant, je conseille quand même aux cueilleurs de se brosser les dents deux fois par jour pour deux raisons. Déjà, en termes de qualité et de diversité, nos ressources alimentaires ne sont pas aussi propres que celles dont disposait le cueilleur originel.
Par ailleurs, même si nous mangeons cru depuis plusieurs années, nous sommes tous issus de parents et de grands-parents culinaires, eux-mêmes issus de générations de culinaires. Ce n’est donc certainement pas en quelques années que nous pourrons effacer toutes les séquelles des errements de nos ascendants .
Dont acte ! Ce n’est pas parce que l’on mange cru que l’on est invincible. Quelques mois, quelques années de cru ne sont qu’une poussière, comparés au passé culinaire qui nous a engendrés.
One Response
🙏
namaste
Dominique
merci pour cet article.. très interessant
merci pour les conseils de brossage dentaire.. que je vais essayer de méditer.. cela 22 ans(ai 59 printemps) que je n’ai introduit une brosse dans ma bouche.. n’y pense même pas.. n’en éprouve pas le besoin.. ne me reste que 13 dents intactes en volume mais avec des noirceures non douloureuses,la pluspart devant.. il reste 6 chicots.. (tous noirs, non douloureux, non odorants).. cela me suffit pourtant en mâchant plus longtemps et plus délicatement.. les molaires et prémolaires invasivées par les différents dentistes se sont dissoutes petit à petit et leur racines se sont auto-extraites petit à petit..(ne reste aucun plombages ni polymères de dentisterie)..
avec le printemps en pleine vibrante éclosion.. il y plein de fleurs de dentsdelion dans le Perche-Gouët .. consomées délicieusement en promenade champÊtre.. elles doivent contenir beaucoup de phéromones car il y a très souvent divers petits insectes qui y séjournent..
As-tu vécu une expérience de mono-alimentation (ceuilli et consomé immediatement) en fleurs de pissenlis sur
une journée?
48 heures?
72 h?
hier ai mangé une centaines de fleurs uniquement de pissenli..
je vais tester aujourd’hui(çamedi premier avril 2023) si leurs odeures me fait venir toujours eautant l’eau à la langue.. ( – ;
merci pour ton travail
merci d’exister
🙏
namaste
💜
👣