Texte : Dominique Guyaux / Illustrations : Jo Ross

Tout d’abord, c’est quoi la « merde »?

La merde, c’est le reste d’une digestion, ce dont un organisme ne sait quoi faire après avoir récupéré tout ce qui pouvait lui être utile pour couvrir ses besoins et qu’il rejette au final.

Ceci étant, je me suis demandé ce qu’impliquait le fait de cuisiner et de transformer ses aliments avec l’objectif de les rendre plus attirants. Je veux principalement parler de la cuisson d’un ou plusieurs aliments car la cuisson est souvent assimilée à une pré-digestion.

Mais nous savons, cela a été démontré sans aucune ambiguïté par une multitude d’études scientifiques, que la cuisson détruit énormément de micronutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments, enzymes, acides aminés et acides gras essentiels) et altère profondément les macronutriments (sucres, graisses et protéines).

La cuisson altère ou détruit donc une grande partie de ce dont un organisme a besoin pour vivre. Ce qui reste après cuisson vous est servi et vous, vous le consommez avec « plaisir » si le cuisinier est à la hauteur de la … supercherie.

Dans un cas c’est vous qui digérez et profitez de tout ce qui est bon pour vous, et les restes finissent au purin.

Dans l’autre cas, l’aliment est « pré-digéré » par un processus culinaire et c’est vous qui consommez les restes !

Au final, la merde et la cuisine sont des restes dégradés qui ne diffèrent que par leur odeur et très certainement aussi par leur goût, mais je n’ai jamais vérifié. 😊

Alors bien sûr, la question du plaisir est centrale dans cette histoire : dans un cas le plaisir a une fonction biologique : la survie de l’individu, et dans l’autre c’est juste du plaisir pour le plaisir.

Shit ? Chutttt !!!

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Texte publié dans « Du cuit au cru » par Médicis Éditions (2022)

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